On continue la route...

Publié le par Serge

Le 9 juillet 2006

 

Bonjour à vous tous,

 

Je sais, je sais, je n’ai pas beaucoup écrit récemment…! Mais vous comprendrez que nos deux semaines à Willits m’ont particulièrement déprimé. À ce jour, nos amis les garagistes américains nous ont soulagés de plus de 8 500 $ US…! Je sais bien que plaie d’argent n’est pas mortelle, mais trop c’est trop… Alors, j’ai quelque peu déprimé à Willits…

 

STRESS, DÉPRIME ET REMISE EN QUESTION…

 

L’incident de Willits tire son origine alors que nous avons dû changer de réservoir d’essence en septembre 2005 en Virginie. Réservoir mal nettoyé et aussi mal installé.

 

Qu’y a-t-il de plus stressant que d’être complètement à la merci d’un garagiste d’une petite ville perdue à 5000 km de chez vous? Et qu’après 12 jours, un nouveau distributeur, quatre carburateurs différents posés tour à tour, d’autres pièces changées et de nombreuses heures travaillées (80 $/heure), votre garagiste vous dit qu’il n’a toujours pas trouvé la solution…! Stress et déprime…

 

Et aussi remise en question : quelle maudite idée de fou j’ai eu de faire ce voyage et d’y entraîner Sandrine et Nicolas…; pourquoi avoir choisi un motorisé de classe A et avoir fait confiance à un vendeur… Vous pouvez me croire, tout y a passé…!

 

MAIS HEUREUSEMENT C’ÉTAIT À WILLITS…

 

Mais je suis d’un naturel optimiste et quelques jours après notre départ de Willits, j’ai retrouvé ma joie de vivre, du moins en bonne partie…

 

Et à bien y penser, notre bon ange dont j’ai déjà parlé plus tôt dans le voyage nous accompagnait… Si notre panne s’était produite plus loin que Willits, nous aurions été dans une région aussi montagneuse et boisée, mais avec des villages minuscules et très espacés les uns des autres… Alors le 4000 $ US c’est en grande partie la dépanneuse qui l’aurait empochée… Merci bon ange et vive Willits. Les garagistes sont lents à réparer les pannes, mais avec le temps et beaucoup d’argent ils y arrivent!

 

Sujet clos.

 

VIVE LES PORTS DE PÊCHE

 

L’étape suivante nous amène à Crescent City, important port de pêche tout au nord de la Californie. C’est avec grand plaisir que j’ai longuement arpenté tous les quais et humé toutes les odeurs qui s’y rattachent.

 

Et ça m’a fait revivre la visite d’autres ports de pêche en Bretagne, en Gaspésie, dans les Maritimes, en Nouvelle-Angleterre et ailleurs. Ça sent la mer, le poisson parfois un peu vieilli, le carburant…! On y trouve toujours un certain désordre : des filets, des casiers empilés, des cordages, des bouées… Mais surtout des bateaux : des vieux rafiots, des plus neufs, des grands, des petits, des côtiers, des hauturiers, des d’ici et des d’ailleurs, des spécialisés… Mais aussi toujours quelques voiliers de passage. Et même parfois un house-boat… Le bonheur!

 

J’éprouve un amour des ports de pêche et je ne sais pas pourquoi… Mais je n’ai pas le goût de me guérir : alors, j’en profite dès que l’occasion se présente. Et ça calme le stress et chasse la déprime… alors!

 

SUTHERLIN DE RIEN…

 

L’étape suivante nous amenait pour trois jours à un club Escapee situé dans la ville anonyme de Sutherlin située au centre de l’Oregon.

 

Rien à dire… Le camping était bien, mais Sutherlin, c’est nulle part!

 

Nous y avons vécu le 4 juillet, la fête nationale américaine…! Nos bons amis du camping ont fêté la chose en mettant en évidence leurs jouets de prédilection : les voiturettes de golf! Donc, décoration des voiturettes de golf, parade dans les rues du camping et, pour couronner le tout, parcours à obstacles alors que les conducteurs ont les yeux bandés….! Gros, gros fun à l’Américaine…! Bof…

 

ET ON REMET ÇA…

 

Ça allait trop bien depuis cinq jours… Lors de l’étape suivante en direction de Fort Stevens à l’embouchure du fleuve Columbia, on réalise que l’accélérateur coince à l’occasion lorsqu’on l’enfonce au maximum…! C’est bien d’avoir toute la force du moteur (7,4 litres) lorsqu’on monte une pente, mais c’est moins bien de ne pas pouvoir la diminuer lorsqu’on est de l’autre côté et que l’on descend…! Ça pourrait nous tuer…! On doit donc réparer avant de continuer… C’est chiant en …..! Alors en haut, c’est bientôt fini les emmerdes…

 

FORT STEVENS STATE PARK

 

Ce camping d’État est un des plus grands des États-Unis et compte plus de 500 emplacements! Il constitue un modèle du genre et l’aménagement est particulièrement réussi. Nous sommes en bordure des magnifiques plages du Pacifique et à l’embouchure du grand fleuve Columbia.

 

FORT STEVENS STATE HISTORICAL SITE

 

De 1864, lors de la guerre de Sécession, jusqu’en 1947, après la 2e guerre mondiale, le Fort Stevens a protégé l’embouchure de la Columbia. On y trouvait de nombreuses batteries et une garnison qui a parfois dépassé 2500 hommes.

 

Durant toute cette longue période, le Fort n’a été attaqué qu’une seule fois, en juin 1942, alors qu’un sous-marin japonais, ne sachant pas l’existence du fort et croyant qu’on retrouvait une base de sous-marins à l’embouchure du fleuve, lança à la volée une quinzaine d’obus sur la côte durant la nuit. Aucun obus n’atteignit une cible. Les Américains furent tellement stupéfaits qu’ils ne répliquèrent même pas aux tirs japonais! Le sous-marin s’éloigna doucement sans jamais se douter qu’il était à portée de tir de très nombreuses batteries. Et c’est sans doute à cause de ce non-événement qu’ils ont qualifié le Fort Stevens de Historical Site (site historique)...!

 

 

C’est hautement risible, d’autant plus que ce qui reste à visiter est dans un état quelconque, et que 47 des 75 bâtiments qui constituaient le Fort ont été démolis…! Ici se trouvaient l’hôpital, la chapelle, la boulangerie, la laverie, etc., etc. Vous voyez le genre…!

 

Au Québec, un site est historique quand il s’est passé quelque chose d’historique. Les plaines d’Abraham, ça, c’est un site historique; c’est vrai qu’on a perdu la bataille, mais c’est un site historique quand même…!

 

 

FORT CLATSOP

 

Le 30 avril 1803, Napoléon décida stupidement de vendre la Louisiane et la ville de Nouvelle-Orléans aux Américains pour la somme de 60 millions de francs. Ces derniers achetaient ainsi un immense territoire aux frontières encore imprécises. Le président de l’époque, Thomas Jefferson, dirigeait alors un pays qui ne comprenait que 16 États dont seuls trois, la Pennsylvanie, le Kentucky et le Tennessee ne bordaient pas l’Atlantique.

 

Jefferson voulut rapidement connaître le territoire qu’il venait d’acquérir et, tant qu’à y être, découvrir un peu plus vers l’ouest et trouver un passage vers le Pacifique. Il autorisa et finança donc une expédition d’exploration sous la direction de Meriwether Lewis et William Clark qui dura de mai 1804 à septembre 1806. Cette expédition se rendit jusqu’à l’embouchure du fleuve Columbia et y construisit le Fort Clatsop pour hiverner de décembre 1805 à mars 1806.

 

Tel que le souligne l’historien Denis Vaugeois dans son intéressant livre AMERICA (Ed. Septentrion 2002), l’expédition Lewis et Clark aura d’importantes répercussions pour le développement des États-unis.

 

La Déclaration d’Indépendance de 1783 disait « We the people of the United States » (nous les habitants des États-Unis). « We are America » (nous sommes l’Amérique) diront les Américains moins d’un siècle plus tard…! Suite à l’acquisition du territoire de la Louisiane, le rouleau compresseur se met en branle. Britanniques et Espagnols sont repoussés. Canadiens et Mexicains sont évacués. Les Indiens sont écrasés, anéantis. Excusez-nous, mais c’est ainsi que l’on crée un grand pays…!

 

Fort Clatsop en soi n’a pas une très grande importance historique. Ce ne fut qu’une sorte de motel de fin de ligne qui ne servit que quelques mois. On n’a jamais retrouvé l’emplacement exact du Fort et on ne visite qu’une reconstitution assez simpliste.

 

Le centre des visiteurs (visitor center) présente une vision idyllique des relations entre les membres de l’expédition et les deux tribus (Clatsop et Chinook) vivant dans les environs du fort. En réalité, ils trouvaient les Clatsops sales, bas sur pattes, mal vêtus et portés sur des coutumes étranges. Et les relations avec les Chinooks se résumaient surtout aux visites de prostituées fournies par nulle autre que la femme du chef…! Cherchez la vérité… seul Vaugeois ose en parler…!

 

Autre remarque concernant l’expédition : les historiens américains ont sensiblement diminué le rôle et l’importance des guides et interprètes français qui accompagnaient l’expédition. Sans ces coureurs de bois français qui connaissaient bien le territoire et qui avaient appris les langues indiennes, l’expédition n’aurait pas été bien loin…!

 

ASTORIA

 

Astoria fut la première ville américaine sur la côte du Pacifique. Située sur la Columbia près de son embouchure, elle se développa rapidement grâce à l’importante industrie de la pêche au saumon et à l’exploitation forestière.. Pendant des dizaines d’années, sa croissance fut soutenue par ces industries ainsi que par l’industrie de la mise en conserve du saumon. Plusieurs milliers d’Asiatiques travaillaient à très petit salaire dans des usines et étaient victimes d’un racisme virulent…!

 

Au début, Astoria était aussi reconnue pour ses saloons avec alcool et prostitution. On en parle peu aujourd’hui…!

 

Les saumons ont disparu en bonne partie et les Asiatiques aussi…On ne trouve même pas un seul restaurant chinois en ville!

 

Cela demeure une petite ville sympa, mais qui semble se chercher une vocation avec toutes ces usines de conserves désaffectées.

 

COLUMBIA RIVER MARITIME MUSEUM

 

À l’embouchure du fleuve Columbia, la barre constituée de la rencontre des eaux fluviales et maritimes est reconnue pour être une des plus dangereuses au monde. Les vagues peuvent y atteindre 10 m et plus de 2000 bateaux y ont fait naufrage.

 

Cet intéressant musée présente le phénomène et explique que ces eaux traîtresses servent de terrain d’entraînement aux futurs barreurs de la Coast Guard.

 

Ce musée est très complet et présente bien toute l’importance du fleuve Columbia et de la côte nord-ouest américaine.

 

 

BIENTÔT LE CANADA ET LES ROCHEUSES

 

Nous serons sous peu en Colombie Britannique où les parents de Sandrine ainsi que ma fille Catherine nous rejoindront pour quelques semaines.

 

En tant que souverainiste québécois depuis toujours, je me suis souvent fait dire par les fédéralistes comment le Canada est un beau pays et surtout comment les Canadiens anglais nous aiment (particulièrement la veille des référendums…) Eh bien, j’arrive pour vérifier tout ça…! On verra bien…!

 

À bientôt,

 

Serge

 

 

P.-S. : Merci à ceux qui nous ont envoyé un mot d’encouragement lors de nos déboires à Willits. Ça fait toujours plaisir…!

 

Publié dans Récit de voyage

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